Sarah Bernhardt dans tous ses états

Pôle Culturel Camille Claudel à Sorgues, le samedi 15 mars 20 h 30 avec la participation de « Freddy Danse »

« La légende reste victorieuse en dépit de l’histoire »

Sarah Bernhardt

Monstre sacré du théâtre français au début du XXe siècle, Sarah Bernhardt reste aujourd’hui une icône. Ce spectacle marque une ouverture particulière à sa vie, par le burlesque et la fantaisie. Comme à son habitude, la compagnie ‘Li Galapian dou Mistrau’ mêle le théâtre, la danse et le chant et propose de suivre la vie d’une artiste devenue une légende.

Si on regarde de beaucoup plus loin, c’est le reflet de la femme contemporaine d’aujourd’hui qui se développe sous nos yeux, par les traits d’un activisme au féminin, ayant parfaitement joué son rôle, sous les traits de quelques-unes de ses consœurs, Sarah et Colette en tête. Ce spectacle est un kaléidoscope des défis et des normes d’une société.

La scène impose une immense Sarah Bernhardt, dans un monde dominé par les hommes et deviendra une mère louve protégeant son rejeton de fils.

Cette figure unique à la ville comme sur scène développe, par l’intermédiaire des visages qui l’incarnent un portrait de la relation maternelle et filiale, maritale et inter sociétal de son époque. Sa mère sera toujours influencée par des normes sociales, économiques et médicales. Elle la mise en nourrice, une pratique courante pour permettre aux mères de se libérer ; ensuite, ce furent les pensionnats, dont Sarah s’extraira pour la retrouver.

La médecine a un rôle autour de la notion de maternité et imposait les idées sur la fonction reproductive des femmes, renforçant parfois des stéréotypes sociaux. Sur ce point, l’actrice se rebellera et sa mère sera une catharsis pour s’extraire de sa condition de femme. Bien que ces dernières aient commencé à accéder à l’emploi et à une certaine autonomie, leur rôle de mère restait au cœur des attentes sociales, tout comme aujourd’hui. Les maternités « illégitimes » étaient stigmatisées, celle de Sarah sans attache, était scandaleuse. Pourtant, elle vécut heureuse avec son mâle enfant, à qui elle donnera tout.

Sarah a joué des rôles masculins, ce qui était révolutionnaire à l’époque, et a utilisé sa notoriété pour défendre la cause féminine. Le surnom de la « divine » lui allait comme un gant de velours, en menant une vie amoureuse aussi passionnée que celle théâtrale. Elle a eu plusieurs relations marquantes, notamment avec Jacques Damala, un acteur grec avec qui elle s’est brièvement mariée. Leur union fut tumultueuse, marquée par des disputes publiques et des séparations fréquentes. Elle a également entretenu des relations avec d’autres personnalités influentes de son époque, comme le peintre Gustave Doré. Sa vie sentimentale s’est conjuguée par la scène et a nourri son art, influencé ses performances.

Comme sans amour on est rien, sans liberté de sa libre-pensée, on est peu de choses. Au début du XXe siècle, les relations sociétales étaient marquées par des inégalités économiques significatives. L’industrialisation avait permis un développement économique, ses bénéfices étaient concentrés entre les mains de quelques grandes familles industrielles. La société restait agricole, et les écarts de richesse étaient frappants, avec une concentration importante des revenus et des patrimoines. Les rôles sociaux étaient également influencés par des normes traditionnelles, entre hommes et femmes. Des changements commençaient à émerger par l’extension du salariat qui permettait une autonomie croissante des femmes. Au fil des décennies, cela allait au fil des années pour faire évoluer l’actrice vers plus de compassion et agir en temps de guerre.

Le spectacle souligne avec délicatesse et intelligence ses écrits notamment son autobiographie, « Ma Double Vie », et sa théorie théâtrale « L’Art du théâtre » pour permettre à ce spectacle imaginé et mise en scène par Christelle Pépin, de mettre en symbole les femmes du monde en lutte.

Paris sorguais réussit. « Sarah Bernhardt dans tous ses états » est un hommage aux femmes qui marquent une vie.