Théâtres des Halles Avignon mise en scène par Sophie Cattani et Antoine Oppenheim, présentée par le Collectif ildi ! eldi avec : Sophie Cattani, Léopold Pélagie, Rémi Rauzier le musicien Pierre Tanguy. Composition musicale Pierre Aviat et Damien Ravnich, scénographie Patrick Laffon de Lojo, son Guillaume Bosson. Texte publié aux Editions du Sous-Sol.
« Je suis l’homme de la nature, avant celui d’être de la société »
Le Marquis de Sade
Le Musée des Contradictions est une pièce de théâtre inspirée par le livre éponyme d’Antoine Wauters, lauréat du prix Goncourt de la nouvelle en 2022. C’est un recueil de douze discours poétiques qui abordent des thèmes tels que la résistance, l’espoir et la critique sociale. Publié en 2022, ce livre a remporté le Prix Goncourt de la nouvelle. Ces récits explorent des sujets comme la surconsommation, la maltraitance des personnes âgées, la pollution et les violences intrafamiliales, tout en donnant une voix à ceux que la société réduit au silence.
Antoine Wauters est un enfant des années 80, ayant grandi comme toute la génération Y avec le début des émissions pour enfants, des pubs Perrier, des émissions Tapi. Autrement dit, la période du « fric, c’est chic », où les parents pensaient que les études emmèneraient vers la Rolex, et que les femmes seraient, un jour, nommées présidentes. Enfin, du moins c’est ce que je pensais avant de me pencher sur cet homme : il est belge, né le 15 janvier 1981. Il a étudié la philosophie à l’Université libre de Bruxelles et l’a enseigné avec le français avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Il a publié plusieurs recueils et des romans, dont « Mahmoud ou la Montée des eaux » (2021) composé exclusivement de vers libres, raconte l’histoire d’un vieux poète syrien en proie à la folie des hommes. Ses œuvres sont souvent marquées par une profondeur philosophique et une critique sociale, comme une Chantale Mouffe (une contemporaine philosophe belge) qui théorise sur la politique en disant que seul le conflit peut déboucher sur une démocratie radicale et il faut y faire attention.
Le spectacle est une fable qui nous transporte sur quatre tableaux à l’orée du bois civilisationnel occidental, là où la ville s’arrête et où la nature reprend ses droits. À travers des personnages extraordinaires et ordinaires, le collectif explore notre manière d’être au monde et questionne notre relation avec la nature. Et avec les mots « civilisation et culture » qui se dit par le corps. Ces quatre tableaux posent un regard particulier sur les différentes générations : les babys boomers né.e.s dans les années 40 qui ont connu les 30 Glorieuses n’ayant pas souffert et en questionnement à l’aube de la vie, la génération Y ayant appris « fait des études, tu gagneras ta vie » et se retrouvant coincée par l’aspiration du confort en voulant un mode de vie équitable et sans étiquette, les Millenials et la Gen Z qui cherchent à vivre, devrais je écrire à survivre dans la jungle mondiale occidentalisée, marchandise et hyper connectée soit en s’y préservant soit en partageant ce qui reste d’humain, « vivre en société » ou en s’écorchant avec tatouage et piercing pour disparaitre dans ce soi physique qui ne va pas de soi et qui fait perdre la croyance d’être soi-même et de vivre ensemble pour tomber amoureux de la vie.
La pièce nous apprend ceci : vieillir, ce n’est pas oublié et que l’oubli est une seconde mémoire et sans stimulation sociale, l’être humain devient fou. Alors laissons de côté les parkings sauce béton, ne soyons pas des Pierre Maltais (un gourou manipulateur des années 80) et plutôt des roseaux pensants civilisés en gardant un rock’ n’roll attitude pour être un esprit libre qui s’emboîte dans une société d’équité.
C’est une expérience immersive et réflexive qui invite à repenser notre relation à nous.
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