Festival Off d’Avignon
ROI RENÉ (THÉÂTRE DU)
du 2 au 21 (juillet relâche le 8 juillet) – 11h45 1h25
La dernière rencontre entre Danton et Robespierre, l’ultime friction de ces deux rouages d’une machine Révolution dont l’assemblage de pièces disparates a désintégré un système monarchique millénaire.
Le texte de Hugues Leforestier, fin connaisseur de cette période historique fondatrice de notre système politique, donne justement la parole aux deux pôles de l’attelage : Les radicaux, les purs représentés par Robespierre (dont l’intransigeance l’a fait surnommer « l’incorruptible ») face à la manière diplomatique, et même la rouerie, de Danton.
Robespierre reconnaît que les deux voies étaient indispensables au processus révolutionnaire mais revendique la primauté d’une vision idéale fournissant l’énergie au mouvement et qui justifie de trancher quand il le faut.
C’est la question : Danton est venu provoquer cette discussion avec Robespierre, conscient que sa tête, ne tient actuellement qu’à un fil. Il demande à Robespierre, respecté de tous les raccourcisseurs, de s’afficher publiquement et fraternellement avec lui.
Les idées opposées de ces deux héros de la révolution trouvent en effet leur incarnation dans la chair: Robespierre, sec et poudré face à la bonhomie rabelaisienne d’un Danton. Danton a aimé sa femme, morte en couches ; il aime encore sa nouvelle épouse, une fraîche jeune fille de 17 ans tandis que Robespierre reste incorruptible jusqu’au pénis.
Danton tente de rappeler l’humanité et les liens d’amitié qui les unissent tous (Desmoulins dont Robespierre ont notamment étudié ensemble) mais la Révolution en véritable tragédie grecque mange ses propres enfants.
« Tout est vrai » proclame le comédien-auteur, Hugues Leforestier jusque dans la rue puisque la représentation s’y poursuit avec des explications à un public auquel on a mis l’eau à la bouche. Ce duel entre les deux hommes est un spectacle pour les passionnés d’histoire ainsi que pour ceux qui s’intéressent à la chose publique.
« Tout est vrai » avec cependant quelque malignerie à la Danton (Les propos tenus par Robespierre sur les femmes sont en fait ceux de Condorcet).
« Tout est vrai » jusque dans les questionnements sur la politique d’aujourd’hui que pourraient nous brandir certains nouveaux Robespierres (le texte fait référence à la « fracture sociale », la démocratie participative, le pouvoir « jupitérien »; etc.)
Une belle leçon d’histoire !
Durée : 1h25
Interprète : Hugues Leforestier, Nathalie Mann
Mise en scène : Morgane Lombard
Scénographe : Charlotte Villermet
Lumière : Maurice Fouilhé
Régie : Raphael Leclerc
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