Rencontre-atelier avec Dimitri Lepage 25 novembre Episcène théâtre Avignon

« Osez se raconter » Rencontre-atelier avec Dimitri LEPAGE

Théâtre EpiscèneAvignon dimanche 25 novembre 15h 17h dans le cadre « Ceci n’est pas un festival » 3ème édition est un festival 100% belge, tout public, qui propose une diversité de spectacles pour tous les âges et pour tous les goûts. Nouveauté: deux rencontres-ateliers avec des artistes programmés dans ce festival, le dimanche 24 novembre : Christine Delmotte-Veber à 10h (spectacle « ceci n’est pas un rêve ») et Dimitri Lepage (spectacle « Des chèvres en Corrèze ») Lien de programmation du 15 au 30 novembre 2024

Ceci n’est pas un festival 2024 – Théâtre Episcène

Un héros s’aventure à quitter le monde du quotidien pour un territoire aux prodiges surnaturels : il y rencontre des forces fabuleuses et y remporte une victoire décisive. Le héros revient de cette mystérieuse aventure avec la faculté de conférer des pouvoirs à son prochain. 

Joseph Campbell « L’homme au mille visages »

Sur Avignon, qui ne reconnaît pas Dimitri LEPAGE, acteur des Chèvres en Corrèze. Dimitri l’avait dit cet été, il la fait. Il est revenu nous compter sa recette d’écriture pour qu’on conte nous aussi des histoires, puisque tout le monde peut se la raconter. Une société en bonne santé, ce sont des citoyens qui disent des histoires et se sentent légitime de nous dire Fleurette ou participer aux récits qui nous font tourner en sens commun. C’est dire si c’est unique comme présentation.
L’écriture de conte n’est pas réservée aux grands explorateurs. C’est comme en cuisine, il existe des recettes. Dimitri nous en montre une modernisée, à la Master Chef à deux têtes. Ils se nomment Campbell et Vogler, l’unest explorateur, l’autre est « script doctor » (analyste de films). Campbell est le père de « Star War » puisque G. LUCAS lui doit tout, Vogler est l’Elon MUSK des canaux de téléfilms qui passent en boucle et qui font le grand succès des journées de pluie du genre « – Punaise, j’ai encore regardé une série au lieu d’aller au musée et je me suis ennuyée ».
C’est une cession d’atelier en deux parties : technique puis création.
Dimitri nous fait connaître des personnes de plus de 20 ans que les jeunes ne peuvent pas connaître ou par le biais de Yuno Kanagita, le père des mangas, par son analyse du folklore japonais.
Revenons au duo d’un « Conte Parfait » par le récit de Campbell et Vogler, ultra utilisée par Hollywood ou Netflix pour raconter des histoires de plus en plus standardisées et aseptisées.

Joseph Campbell est l’écrivain de ce livre « Le héros au mille et un visage ». Pour ce mythologue, les récits ont une structure correspondante, à prendre sous l’angle philosophique. Autrement dit, le monde est dans la quête d’un héros. En 1949 parait « Le Héros aux mille visages », c’est un ouvrage de mythologie comparée. Ce livre propose la théorie du mono mythe, un schéma narratif de l’étude de différentes mythologies. Selon cette théorie, les mythes de toutes les civilisations partagent une structure fondamentale commune : « Un héros s’aventure à quitter le monde du quotidien pour un territoire aux prodiges surnaturels : il y rencontre des forces fabuleuses et y remporte une victoire décisive. Le héros revient de cette mystérieuse aventure avec la faculté de conférer des pouvoirs à son prochain. » Le personnage débute dans un monde ordinaire, il reçoit un appel d’entrer dans un monde insolite : c’est l’appel de l’aventure. S’il y rentre, c’est la route de l’aventure : il y rencontre d’étranges pouvoirs et événements. S’il accepte de continuer ce chemin, le héros doit faire face à des tâches et à des épreuves ; seul ou aidé. Au paroxysme de l’aventure, le héros doit survivre à un défi impitoyable, souvent grâce à l’aide gagnée au cours de son voyage. S’il survit, il acquiert un grand don, une découverte de soi. Sur le chemin du retour, il doit décider s’il revient dans le monde ordinaire avec ce pouvoir, en faisant face à des épreuves. S’il y parvient, les pouvoirs qu’il a reçus serviront pour améliorer le monde. Les exemples classiques du mono mythe sont les histoires d’Osiris, Prométhée, Bouddha, Moise et Jésus. Campbell cite de nombreux autres mythes classiques, provenant de nombreuses cultures, qui respectent cette structure de base. Campbell utilise un mélange d’archétypes des Forces Conscientes de Yung et de la structuration des rites de passage d’Arnold Van Gennep, folkloriste et ethnologue français du XIXe siècle, dans le but d’apporter certains éclaircissements.
Campbell appelle donc le voyage du héros Mono mythe en référence à James Joyce. Campbell était un spécialiste reconnu cet auteur, il a emprunté ce terme dans un livre de Joyce et son Ulysse a influencé la structure du Héros aux mille visages.
Comme le souligne notre formateur d’un jour,  » ils sont rares les mythes qui contiennent toutes ces étapes » et on peut mixer les étapes. Certains récits n’ont qu’une étape, d’autres échelonneront ces étapes dans un ordre différent. On peut diviser en trois sections : partance (séparation), initiation et retour.
En résumé, le livre décrit le voyage du héros. Il comprend : un appel à l’aventure, des épreuves et des défis, l’aide d’un mentor, l’accomplissement de la quête, et enfin le retour au pays avec un don ou une leçon précieuse. Cette structure a influencé de nombreux artistes et écrivains, y compris George Lucas pour la saga Star Wars. Comme le souligne Campbell :
« Dans l’Odyssée, cependant, vous verrez trois voyages. Le premier est celui de Télémaque, le fils, qui va à la recherche de son père. Le second est celui du père, Ulysse, qui est lié au principe féminin dans le sens de la relation épanouie homme-femme, plutôt que de la maîtrise masculine de la femme qui a été au centre de L’illiade. Et le troisième est celui de Pénélope elle-même, dont le voyage est l’endurance […]. » — Joseph Campbell, Pathways to Bliss: Mythology and Personal Transformation, édité par David Kudler, Novato (Californie), New World Library, 2004, p. 145, 159.

Pour le second en chef, Christophe Vogler a retravaillé toute la recette de Campbell dans « Le guide du scénariste ». Vogler est sript doctor, c’est-à-dire un analyste de scénario. C’est un ouvrage publié en 1992, il a développé une méthode pour aider les scénaristes à structurer leurs histoires en suivant le parcours du héros mythique. Le livre est divisé en deux parties principales :

Le livre est divisé en deux parties principales :

  1. La Carte du Voyage : cela reprend les étapes du voyage du héros, basées sur le modèle de Campbell, avec 12 étapes.
  2. Les Archétypes : 7 types de personnages principaux qui interviennent au cours du voyage du héros.


Cet ouvrage, apprécié dans le milieu du cinéma pour son pragmatisme, a influencé de nombreuses œuvres cinématographiques. Ce travail se situe en 3 questions :
– Quelles sont les fonctions de l’histoire ?
– Pourquoi faire vivre tel ou tel personnage ?
– Pour quelle raison certains récits sont plus marquants que d’autres ?

Et comme pour Campbell, c’est par étape. Ici, en 12 stades, qui ressemblent à la caverne de Platon :

  1. Le monde ordinaire : le héros est un personnage ordinaire, dans un monde ordinaire.
  2. L’appel de l’aventure : son monde est en danger. Et il peut le sauver.
  3. Le refus de l’appel : le héros a peur et n’ose pas l’inconnu. Il reste dans son monde rassurant et barbant.
  4. Le mentor l’encourage à franchir le cap. Il peut lui donner un objet magique, qui l’aidera dans son voyage. Le premier mentor est Athéna.
  5. Le passage du seuil : le héros se décide à franchir le pas et bascule dans le monde extraordinaire, celui de l’aventure.
  6. Les épreuves : dans le monde extraordinaire, le héros rencontre des personnages dont il ignorait l’existence jusque-là : certains vont l’aider, d’autres vont l’empêcher de progresser.
  7. L’approche de la caverne : il approche du but de sa quête. C’est la « caverne » que se dissimule un trésor fabuleux : l’élixir.
  8. L’épreuve suprême : l’épreuve majeure de l’aventure. Le trésor est gardé par une entité redoutable. Il affronte la mort.
  9. L’élixir : le héros a réussi l’épreuve, il obtient la récompense suprême : l’élixir qui guérit son monde.
  10. Le chemin du retour : il rentre chez lui et doit parfois affronter la colère de ceux à qui il a volé l’élixir.
  11. Résurrection : il est parvenu à traverser le seuil dans l’autre sens et revient dans le monde ordinaire. Il n’est plus le même, il a été transformé par toutes ces épreuves.
  12. Retour : le héros utilise l’élixir et guérit son monde.

Le positif de tout cela, c’est que comme le dit Alexandre Astier, « C’est carré » mais on s’y ennuie, un peu comme les téléfilms de Noel de M6.
Alors, c’est là que Dimitri a dit « écrivez ». Et comme Dimitri la dit, on l’a fait.

Voici donc mon petit conte
« Le héros très discret vit dans un monde ordinaire, dans un emploi du temps ordinaire et s’ennuie sous la pluie. Sous l’averse, le héros très discret décline l’offre du parapluie de cette fille aux yeux de nuit, qui n’est pas ravie de ne pas partager son abri. Il est donc propulsé sous l’orage ; et en cette fin de nuit, sur ce quai de port, il est emporté par la Reine des Marrées qui lui offre de la marmelade d’orange sur un pain arc-en-ciel et surtout lui offre un peu de son élixir de joie. Alors l’infortuné rentre chez lui pour créer un univers plein de soleil et de merveilles. »


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