Maison Jean Vilar
Le théâtre est le dernier endroit où on peut jouer un spectacle
Tadeus Kantor
Alain Crombecque est un nomade, un voyageur protéiforme et directeur de festivals renommés (festival d’Automne à Paris, Festival IN d’Avignon).
Comme tout bon voyageur, il se déplaçait de ville en ville, de théâtre en théâtre, pour voir les artistes, car « il faut aller dans leur création » pour en comprendre son essence, disait-il. Et c’est pour cela qu’il a emmené son public vers un ailleurs. Il a transformé des dramaturges en action totale et des hommes d’actes en action complète pour l’art de dire et de détourner l’intelligence vers un divertissement. En des mots, pour apprendre aux hommes à aller mieux et faire de notre monde un théâtre meilleur.
Il ne disait pas grand-chose, Alain Crombecque. Juste, il a été un regard porteur pour beaucoup d’artistes.
Cette exposition retrace une existence, qui est un peu la notre : de l’enfance de nos grands-parents qui ont connu la guerre, à l’âge adulte où il a rencontra le rejet de la différence, et par ses révélations artistiques (Brooke, Gunter, Vitez, Kantor, Novarina; que vous croisez dans ce parcours présenté à la maison Jean Vilar); il a levé un voile sur l’humanité sensable à ce qu’il était, dans sa beauté et son malheur.
Alain Crombecque est un scrutateur. Par ce regard d’aigle, il a rencontré des bêtes humaines qui relèvent la phase cantique de l’homme.
C’est un des premiers directeurs du festival à emmener des spectacles japonais, persans, sud-américain et à faire découvrir le Buto.
Cette exposition-parcours imaginé par son ami Antoine de Baecque (commissaire de l’exposition) est à son image : esthétique, physique et métaphysique.
Elle nous approche de la concrétisation du rêve de spectacle, qui en devient un objet public global.
Au cœur du processus de création de construction de programmes, on touche l’intime d’un homme, qui la transforme en bien commun; pour la pensée d’un public dont chaque créateur rêve : celui de les emmener vers un autre réel, pour notre réalité soit plus ancrée dans une conscience sociétale.
Cette exposition est un choc pour les passagers de ce voyage intiatique, car on traverse l’Histoire par son histoire (la montée de l’escalier avec des photos d’enfance accompagné du journal tenu par sa maman souligne l’importance de la construction de l’être dans l’enfance et comment cela forge l’être pour une vie.); on revoit forcément son existence par la lorgnette des œuvres que nous parcourons, comme un duo qui ne se formalise pas de la conscientisation; un regard qu’on porte sur le parcours atypique d’un homme de théâtre qui n’était pas dans le tout de la scène, mais dans le multiple de la création.
Ce chemin que nous faisons avec Crombecque pourrait se résumer en cette phrase de Gunter « seul le courage sur le chemin permet que le chemin se manifeste ».
Une exposition à refaire plusieurs fois pour comprendre toutes les facettes de la réalisation de l’art du spectacle vivant, un « art total »
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